couple

Virevolter entre rêve et réalité avec Agnès Martin-Lugand

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Dans son roman « A la lumière du petit matin », Agnès Martin-Lugand nous montre comment une entorse de la cheville (une de plus) peut modifier le cours d’une existence.

Agnès Martin-Lugand : la danse comme voyage pour se découvrir

Vous avez envie de danser? Si ce n’est pas le cas, le roman d’Agnès Martin-Lugand pourrait bien vous chatouiller les orteils. Ne vous y trompez pas, la danse est seulement le prétexte, le cadre… pour comprendre comment une vie peut basculer d’un instant à l’autre. Pour Hortense, une séduisante quadra et talentueuse prof de danse à Paris, ce sera une cheville fragile. Le mouvement d’avant, la jeune femme évolue dans la vie qu’elle a choisi (du moins c’est ce qu’elle pense). Elle se consacre à 200 % à sa passion, dont elle peut vivre. Hortense a repris l’école de danse où elle travaille avec ses collègues Sandro et Bertille. L’ancien directeur, Auguste, garde tout de même un oeil sur eux…

Elle file le parfait amour (du moins c’est ce qu’elle pense) avec Aymeric. Pour chacun de leur rendez-vous, elle s’apprête, elle porte les tenues qu’il aime, se comporte comme il le souhaite. Bref, elle se glisse dans un costume dont elle se défait à chaque fois qu’il se quitte. Car Aymeric ne peut jamais rester longtemps près d’elle : il a une famille qui l’attend chez lui.

Et voilà donc que l’instant d’après, les certitudes d’Hortense s’envolent. Ce qu’elle croyait être du bonheur n’est en réalité qu’une façade. Le miroir lui renvoie un reflet authentique, et pas forcément agréable à regarder.

Prendre du recul, prendre du temps pour soi

Hortense est une séduisante jeune femme qui approche la quarantaine. Elle est une fille qui n’a pas fait le deuil de ses parents. Elle est une femme qui fuit, qui ne veut pas regarder la réalité en face. Celle de la maîtresse, qui risque fort de ne jamais devenir mère et de rester celle qu’on utilise comme faire-valoir. Seul son travail la remplit de joie. Mais sa récente blessure remet là encore tout en question.

Peu à peu, la danseuse ouvre les yeux. Elle sent au fond d’elle que ses choix ne sont pas les meilleurs pour son avenir. Alors elle décide de passer sa convalescence dans la maison familiale, situé dans le « village de Bonnieux perché sur un flanc du Lubéron« . Un cocon douillet qui a bercé son enfance. Mais qui reste désespérément vide depuis la mort de ses parents. C’est d’ailleurs avec Aymeric qu’elle panse cette plaie depuis trois ans…

Durant l’été pourtant, la bâtisse s’anime en devenant maison d’hôtes. Et ce sera la mission que va accomplir Hortense cette année-là, grâce à sa convalescence.

Accepter, grandir et avancer

Sa convalescence passera aussi par la dépendance que le père d’Hortense avait transformé en studio de danse. La convalescence d’Hortense ne sera pas seulement physique. La danseuse va devoir affronter la réalité, prendre les bonnes décisions pour dessiner son avenir. Elle pourra soit le laisser tel quel, soit prendre un nouveau chemin. Finalement, cette entorse à la cheville aura bien plus de conséquence qu’on ne l’aurait imaginer au départ.

Alors préparez-vous! Et si besoin, inspirez-vous d’Hortense pour vous aussi choisir un autre chemin qui vous mènera au bonheur. Tout simplement.

My Girl’s Dream.

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Sophie de Villenoisy récidive avec La Reine des quiches

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A 41 ans, Murielle enchaîne les échecs. Elle fait partie de ces personnes qu’on ne voit jamais. Jusqu’au jour où elle publie son premier roman…

J’avais adoré Joyeux suicide et bonne année!, j’ai encore plus aimé La Reine des quiches. Avec ce roman drôle, touchant et parfois si criant de vérités, l’auteur Sophie de Villenoisy nous emporte dans le quotidien barbant de la pauvre Murielle. Son extrême sensibilité, son anxiété et son incapacité à procréer nous révolte et nous touche à la fois.

Seras-tu une quiche toute ta vie?

Jérôme et Murielle sont un couple comme il en existe malheureusement des milliers. Ils s’aiment, ils ont une bonne situation professionnelle et sont dévorés par un désir d’enfant. Un désir qui est devenu au fil des années leur croix. La journaliste pour le magazine Télé 7 jours parvient à tomber enceinte, mais elle n’arrive jamais à mener sa grossesse à terme. Un déchirement qui a créé entre eux un mode de fonctionnement parfois douloureux. Au point de modifier complètement les personnes qu’ils sont.

Bon il faut dire que pour Murielle Petit, dès le départ, les dés sont pipés. Son père aimant est décédé lorsqu’elle est adolescente. Ne lui reste qu’une mère, Carole, qui n’en a d’ailleurs que le nom. Carole a reporté toute l’affection et tout l’amour qu’elle peut ressentir sur sa fille cadette, Cathy. Murielle ne possède pas un physiquement très avenant. C’est plutôt quelqu’un d’effacé. Qui préfère rester en coulisse comme à la rédaction. Elle est journaliste mais se refuse à demander sa carte de presse. Murielle, qui a en horreur les échanges avec d’autres êtres humains différents de sa condition, a choisi d’exceller dans la rubrique consacrée aux animaux. Elle rassemble vraiment tous les défauts pour être, malheureusement, la Reine des quiches. Mais quelque chose va changer…

Projetée sur le devant de la scène

Dans son appartement parisien, Murielle se transforme très tôt le matin en auteur de roman. Elle écrit assidûment et avec ferveur, et essuie les lettres de refus des maisons d’édition. Encore un projet qui avorte. Mais l’exercice quotidien est devenu automatique. Et sa surprise est de taille quand le patron des éditions Gallimardhimself – la contacte pour lui annoncer la grande nouvelle : son roman Ceci est mon corps va être publié. Alors Murielle fait ce qu’elle sait faire de mieux : se cacher et s’emmitoufler dans sa couverture. La présence d’esprit de son conjoint, Jérôme, va l’aider à contacter sa future éditrice Louise d’Ermenonville. Tout s’enchaîne rapidement. Et cette incroyable nouvelle va malheureusement aussi soulever des problèmes de taille. C’est bien connu la réussite des uns suscite la jalousie et la méprise des autres, surtout au sein d’une même famille. Murielle va devoir donc sortir de son mutisme habituel pour s’imposer. Mais y parviendra-t-elle? Surtout lorsqu’on connaît le sujet de son roman.

« Clara, une femme inféconde, décidait d’aider ses soeurs (les autres femmes) en donnant son corps, inutile à ses yeux, aux hommes et si possible aux plus pervers d’entre eux, afin d’absorber leurs péchés, d’annihiler leurs pulsions » (Le Livre de poche, p.36).

Une quiche, mais la Reine des quiches avant tout

Pour ma part, ayant beaucoup de mal à garder ma langue dans ma poche, je dois dire que Murielle m’a très souvent agacée. Ah plus d’une fois, si je l’avais eu face à moi, je l’aurais bien secouée! Mais il fallait que Murielle parvienne seule à gérer ce tempérament effacé. Le talent de Sophie de Villenoisy a bien entendu fait le reste. C’est rythmé, frais et authentique. Une bonne bouffée d’air pour la passionnée de lecture que je suis. Seul point négatif : en me restreignant, j’ai dévoré le roman en deux jours!

My Girl’s Dream

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Qu’est-il arrivé à Vinca Rockwell?

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La disparition de Vinca Rockwell revient hanter ses anciens camarades de classe vingt-cinq ans plus tard.

Comme une série policière

Nombreux sont celles et ceux qui ont remarqué ce titre dans ma bibliothèque, et qui ont adoré La Jeune fille et la nuit de Guillaume Musso. J’ai moi aussi lu avec un certain plaisir ce roman de l’auteur mondialement connu. En fait, j’ai eu l’impression de suivre une série policière. Je suis une série addict. J’aime le rythme de ce type de fiction. C’est mon moment de détente. Je m’installe confortablement et je me laisse happée par l’intrigue. C’est ce qui s’est passé avec le thriller captivant de Guillaume Musso.

Celle que tout le monde veut embrasser

Vous en avez certainement connu, une jeune fille dans votre lycée que tous les garçons voulaient embrasser. Cette jeune fille populaire, qui rayonnait et faisait passer les autres filles pour le commun des mortels. C’était le cas de Vinca Rockwell, qui fréquentait le collège Saint-Exupéry au début des années 1990 à Antibes. Un établissement privé, international, coté qui se trouve plus exactement sur le campus de Sophia Antipolis. Et dans lequel sont scolarisés les enfants d’expatriés. C’est aussi au coeur de cette cité scolaire huppée que le destin de la jeune fille a été scellé une nuit glaciale de 1992.

Une nouvelle enquête

C’est dans le cadre du 50e anniversaire du lycée que l’on va finir par découvrir ce qui est réellement arrivé à la jeune fille. L’enquête avait révélé qu’elle entretenait une liaison avec un des professeurs de l’établissement, Alexis Clément. Vinca et lui se seraient d’ailleurs enfuis ensemble, et plus aucune nouvelle depuis. Mais les trois meilleurs amis de l’étudiante – Fanny, Thomas et Maxime – vont devoir se replonger vint-cinq ans en arrière. Car la vérité est tout autre. Aucun d’eux ne le souhaite, chacun a un secret qu’il préférerait garder pour lui… Ce qui est un peu normal quand on a emmuré un cadavre dans le gymnase du lycée. Une nouvelle enquête va permettre de répondre enfin à cette question : qu’est-il arrivé réellement à Vinca Rockwell?

Une narration captivante

Outre une intrigue habilement ficelée, Guillaume Musso a opté pour un type de narration très intéressant. Le romancier fait des allers-retours entre 1992 et 2017. Il glisse des indices, mais aussi de fausses pistes pour nous tenir en haleine jusqu’à la fin de l’ouvrage. Il parvient à doser parfaitement les indices et les anecdotes. Il nous fait découvrir la réelle personnalité de ses personnages. C’est puissant, touchant. Parfois exaspérant. Autant d’émotions qui font de ce roman un nouveau succès littéraire.

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Quand vous croyez bien connaître quelqu’un…

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Découvrez ce qui se passe quand vous mettez un grand coup de pied dans une mécanique bien huilée…

Une mécanique bien huilée

Le quotidien d’Arthur Pepper est semblable à celui de bon nombre de personnes d’un certain âge. Il est vrai que les retraités ont des habitudes bien difficiles à changer. En réalité, ce sont des rituels qui rythment leurs journées. C’est le cas d’Arthur Pepper, un jeune veuf qui ne déroge en aucun cas à son planning journalier, le même qu’il suivait quand sa femme Miriam était encore en vie : réveil à 7h, petit-déjeuner à 8h, vaisselle trente minutes plus tard… Et rien, en apparence, n’aurait pu troubler ce programme. Pas même les visites intempestives de sa curieuse et dévouée voisine, Bernadette. Non, c’est en fait un simple objet qui va complètement bouleversé sa vie.

Les secrets de Miriam

Miriam et Arthur menaient une vie simple et bien rangée. Cela convenait parfaitement à Arthur, et il a toujours pensé qu’il en était de même pour sa femme. Du moins, il ne s’était jamais posé la question. Le jour du premier anniversaire du décès de sa femme, Arthur décida de vider ses affaires. La mort de son épouse avait été rapide, la maladie foudroya Miriam en quelques semaines. Et après quarante ans de mariage, Arthur se retrouvait seul. Sa relation avec ses deux enfants, Lucy (36 ans) et Dan (40 ans), n’était pas idéale. Ils n’étaient pas très proches à vrai dire.

Perdu dans ses pensées, Arthur s’interrompit lorsqu’il trouva dans une botte une boîte en forme de coeur contenant un bracelet à breloques. Miriam ne portait jamais ce genre de bijoux, et Arthur ne le lui avait jamais vu au poignet. C’est ainsi que commença la quête du veuf pour découvrir les secrets que lui cachaient sa défunte femme…

Une vie cachée

Alors c’est vrai que le comportement d’Arthur a commencé à devenir bizarre pour son entourage. Terminés le programme quotidien, le repli sur soi-même. Le retraité alla frapper à toutes les portes possibles pour découvrir la vie cachée de son épouse.

Dans Les Fabuleuses tribulations d’Arthur Pepper, Phaedra Patrick nous pousse à ouvrir les yeux, à casser la routine et à nous poser les bonnes questions. L’auteur britannique met le doigt sur des points sensibles, comme les relations parents-enfants, la relation de couple en général, la bienveillance pour autrui… Un joli moment que je suis ravie de partager avec vous aujourd’hui.

Pour acheter le livre, cliquez ici : Les Fabuleuses tribulations d’Arthur Pepper (Prix des lectrices 2017)

Comme une ombre

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Comme une ombre

Alors je dois dire que cette fois ma première impression m’a semblé ne pas être la bonne, en lisant les premières pages de Comme une ombre, le roman corédigé par Pascale et Gilles Legardinier. Evidemment, au moment de l’achat, je me suis laissé séduire par l’un des deux auteurs, Gilles Legardinier. Car je passe toujours un bon moment avec ses romans. Et je me suis dit que si ce titre avait été réédité, cela ne devait pas être simplement dû à sa renommée.

Alors avec beaucoup d’optimisme, je me suis jetée dans la lecture de Comme une ombre. Mais mon enthousiasme a réduit comme peau de chagrin au fil des pages. J’avais l’impression de lire une scénario à l’eau de rose, d’un mauvais sitcom. Ce genre de téléfilm bourré de clichés, et qui n’a plus rien de surprenant à offrir. Mais j’ai persisté. Pour moi, il n’était tout simplement pas concevable que Gilles Legardinier soit tombé dans ce genre de piège littéraire, avec des facilités, des raccourcis… Et vous savez quoi? Mon pressentiment était le bon. Une fois le cadre posé, Pascale et Gilles Legardinier n’ont pas cessé de me surprendre.

Alexandra Dickinson, fille d’un richissime homme d’affaires, parcourt le monde en espérant trouver sa voie et parvenir enfin à se poser. Mais la situation professionnelle de son père Richard la met constamment en danger. Alors il mandate des gardes du corps pour la protéger, des hommes de l’ombre qu’elle parvient constamment à rendre fou et à semer. Jusqu’à Tom Drake. Un militaire qui a du mal à respecter les règles. Un défaut qui jouera en faveur de la jeune femme le moment venu.

Voilà donc tout le génie d’un auteur : parvenir constamment à surprendre son lecteur. Et parfois, il faut savoir donner sa chance à un roman même s’il ne semble pas engageant au premier abord…

Bonne lecture!

Le plus beau métier du monde? 17

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Blog chap.17

C’était le 24 juin 2014. Le jour où mon mari et moi, nous avons commencé à écrire un nouveau chapitre de notre histoire d’amour. Le jour où nous avons appris que j’avais un petit locataire dans mon ventre. Je me souviens de notre réaction, de notre chamboulement… Bien sûr nous voulions ce bébé, mais entre l’envie et la réalité, on ne réagit pas de la même façon ! Après la bonne surprise, nous nous sommes laissés envahir par la joie.

J’ai forcément repensé à tout ça ce mercredi. Un an s’est écoulé, et tellement de choses ont changé depuis ! Dans le bons sens, forcément. Je pense aussi à ce qu’on m’a dit il y a quelques jours : « c’est fini la belle vie, maintenant « . « Pas du tout, ai-je répondu. Elle commence. » Oui un enfant chamboule votre vie, à tout point de vue . Mais quel bonheur chaque jour de le voir grandir, de l’aider à découvrir la vie, de lui donner le meilleur de soi, et d’être remercié en retour avec le sourire parfait et angélique de Loulou! Ça n’a pas de prix.

Mais ne vous inquiétez pas, je vais tout de même descendre de temps à autre de mon nuage pour vous parler de l’envers du décor. C’était ma minute nostalgie… A bientôt !

Le plus beau métier du monde? 9

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Copyright Creative Commons/Federico Casares
Copyright Creative Commons/Federico Casares

Vous connaissez l’expression « Qui dort, dîne »? Et bien, je dois avouer que je l’ai pas mal expérimenté ces derniers temps… Vous doutez bien que s’occuper d’un nourrisson n’est pas de tout repos! Les journées sont longues quand votre conjoint travaille, et les nuits épuisantes… Alors en fin de journée, on sent la fatigue nous gagner. Et la bonne résolution de profiter un peu de sa soirée une fois Loulou couché part vite en fumée. Je me suis retrouvée plus d’une fois à filer au lit entre 19 h et 21 h. Profitant du premier sommeil de bébé pour me reposer, en attendant la pause « biberon » de la nuit, suivie souvent par la difficulté de rendormir Bébé…

Du coup, aux oubliettes la faim qui taraude votre ventre. Vous me direz, c’est une technique comme une autre de régime! Bizarrement, entre le repas du soir et trois ou quatre heures de sommeil d’affilé, mon choix est vite fait. Je l’ai déjà dit, rien ne surpasse le bonheur d’être Maman, mais le quotidien n’est pas facile. On a du mal à trouver du temps pour soi, pour son couple, ou pour simplement répondre au téléphone… C’est ça aussi la réalité du quotidien d’une jeune Maman. Alors si on se retrouve seule pour tout gérer, la crise de nerf n’est pas loin… Par chance, Papa est au petit soin et prend le relais dès que possible. Sans oublier la baby-sitter qui assure le poste de nuit une fois par semaine, pour que Maman puisse se reposer… Elle se reconnaîtra…

Pas facile d’être Maman, mais je vous garantis que c’est oublié dès qu’on croise le visage angélique de sa petite merveille… Alors pour celles qui pensent ne pas être prête à faire ces « sacrifices », je n’ai qu’une chose à dire : je ne le pensais pas non plus, mais j’y arrive et je suis plus que comblée!

Le bon choix – chapitre 6

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La fin de la soirée a tout de même été tendue. Jeff n’a pas vraiment eu l’air de croire à la version de de sa femme, mais il n’a rien dit. Au moment d’aller se coucher, Suzy s’est retrouvée toute seule. « Vas-y, je te rejoins plus tard », lui avait lancé son mari, en allumant la télévision. « Je vais regarder les résultats sportifs de la soirée. » Mais finalement, Jeff a passé la nuit sur le canapé. En s’en rendant compte au réveil, le lendemain matin, Suzy a été plutôt mal à l’aise. Il allait lui falloir trouver un moyen pour que les choses redeviennent normales. Mais comment ? Alors qu’elle est en train de cogiter, assise à la table de la cuisine, son mari fait son entrée. Il a vraiment mauvaise mine ! «Bonjour mon cœur, tu m’as manqué cette nuit », tente sa femme en l’enlaçant. Mais pour toute réponse, elle n’a droit qu’à un grommellement. Et bien, ça risque d’être plus compliqué que prévu!

 – Tu veux une tasse de café ?

– Ça ira, merci. Je vais me servir.

– Tu as faim ?

– Écoute, arrête de faire ça. J’ai cogité toute la nuit. Et je ne crois pas que c’est Faustine qui avait un problème hier soir. Tu me caches quelque chose.

Suzy ne sait pas quoi répondre. Vite vite, il faut réagir ! C’est à ce moment-là que le téléphone sonne. « Sauvée ! » Jeff sort de sa torpeur et s’empare du combiné. «Allô ! Allô ? Qui est au bout du fil ? Ah, euh oui bonjour. Non c’est que je ne m’attendais pas… » Gêné, Jeff quitte la pièce et va poursuivre la conversation plus loin. Étrange, se dit Suzy. Il n’agit pas de la sorte habituellement. Il me fait comprendre qu’il doit se mettre au calme pour prendre un appel, avant de s’éloigner. Il suffira de se rapprocher discrètement. Mais vu qu’elle n’est déjà pas en odeur de sainteté, mieux vaut ne pas aggraver son cas, des fois que Jeff la remarquerait. Les minutes passent, et son mari ne revient pas. Elle ne l’entend même plus parler. Il a dû s’isoler à l’étage. « Et mince ! Mais qu’est-ce qui se passe ? » Après réflexion, la jeune femme finit par se rassurer en se disant que ça doit être sa belle-mère qui fait encore des siennes… Une demi-heure plus tard, Suzy est en train de faire la vaisselle quand son mari réapparait. Il est blême. Il n’a pourtant pas l’air contrarié. Son regard semble perdu sans le vide.

– Ouh ouh, mon cœur, ça va ?, lance Suzy en agitant une main devant le visage de Jeff.

– Euh, oui… Pourquoi tu demandes ça ?

– Tu devrais voir ta tête. Tu comprendrais pourquoi !, continue sa femme en souriant, espérant ainsi de détendre l’atmosphère. Mais ça ne fonctionne pas trop. Car Jeff se met soudain en colère.

– Tu t’imagines quoi ! Tu disparais comme si de rien n’était. Tu me mens, et tu crois que je vais avoir la banane ? Ne me prends pas pour un imbécile !

Des disputes, ils en ont déjà eu. Mais Jeff a rarement haussé le ton. Il est plutôt du genre à ne pas réagir sur le coup de la colère. Voilà donc une attitude qui déstabilise totalement Suzy. Et qui la fait sortir de ses gonds.

 – Tu vas changer de ton s’il-te-plaît. Et j’apprécie moyennement que tu me traites de menteuse. Maintenant, tu vas me dire qui tu as eu au téléphone ?

– Alors ça c’est la meilleure ! Tu donnes des ordres maintenant !

– Pas du tout, c’est juste que je vois bien que quelque chose te chiffonne depuis ce coup de fil. En dehors de ce que tu me reproches !

– Effectivement, et moi contrairement à toi, je n’ai rien à cacher. C’était Julia, mon ex.

Un grand blanc. Suzy est abasourdie. Elle s’attendait à tout sauf à ça. Finalement, ses inquiétudes étaient bien fondées. Mais qu’est-ce qui est en train de se passer. Les vannes sont ouvertes. Elle n’arrive plus à se contrôler.

« Quoi ?! Mais c’est une blague ! Qu’est-ce qu’elle veut celle-la ? Et pourquoi tu lui as parlé ? D’ailleurs, comment a-t-elle notre numéro ? C’est toi qui lui a donné ? Je savais que j’avais des raison de m’inquiéter ! Je l’ai dit à Faustine mais elle n’a pas voulu me croire. Elle m’a presque pris pour une folle ! » Suzy s’est exprimé d’une seule traite. Elle n’a même pas pris le temps de respirer. Ce n’est qu’après avoir repris son souffle que la jeune femme se rend compte qu’elle s’est grillée.

– Je savais bien que tu me mentais ! C’est toi qui a voulu voir Faustine en toute urgence ? Mais franchement, on est un couple. On se dit tout. Pourquoi avoir réagi de la sorte ?

– Peut-être parce que tu n’as pas été en mesure de me rassurer. Que tu n’as pas trouvé les mots qu’il faut pour que je ne me fasses pas de film. Mais finalement, ça n’aurait pas changé grand chose, puisque Madame ton ex qui ressurgit de nulle part vient de t’appeler !

Et avant que Jeff ait le temps de répondre quoi que ce soit, Suzy quitte en trombe la cuisine. Son mari est trop secoué pour dire ou faire quoi que ce soit. Il reste là, debout à essayer d’intégrer ce qui vient de se passer. Pendant ce temps, sa moitié enfile les premiers vêtements qu’elle trouve, attrape son sac à main et ses clés de voiture, et claque la porte d’entrée en partant. C’est ce bruit assourdissant qui fait sortir Jeff de sa torpeur. Mais c’est trop tard, Suzy a déjà démarré…

Le bon choix – chapitre 5

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Finalement, la soirée SOS aura duré plus longtemps que prévu. Les filles ont décortiqué les moindres secondes des derniers événements. Au point que Suzy a complètement oublié de prévenir Jeff de l’endroit où elle était. Enfin, elle aurait simplement pu lui dire qu’elle passait la soirée avec Faustine, et son mari aurait compris qu’il ne fallait pas l’attendre de si tôt à la maison ! Mais ce n’est pas ce que Suzy a fait. Du coup, Jeff s’est inquiété. Et cela a été crescendo quand il s’est rendu compte que sa femme ne répondait ni à ses appels et encore moins à ses textos. «Ben, il était sur silencieux », arguera plus tard, mais bien trop tard, sa moitié. Il a fini par appeler Faustine, qui a bien sûr décroché à la première sonnerie. (Son smartphone est greffé à sa main!)

« – Monsieur le mari de Suzy, que puis-je faire pour toi ?, lance la jeune femme dans un immense éclat de rire. Sauf qu’à l’autre bout du fil, il y en a un qui n’a pas du tout envie de plaisanter.

– Ma femme est avec toi ?, répond Jeff sèchement.

– Évidemment, mais tu n’es pas obligé d’être aussi désagréable, rétorque Faustine. C’est à ce moment-là qu’elle croise le regard de sa meilleure amie, complètement affolée. Elle met la main sur le micro. Qu’est-ce qui se passe ? Jeff ne sait pas que tu es avec moi ?

– En fait, avec tout ça, j’ai complètement oublié de lui dire qu’on se voyait, s’écrie Suzy, en cherchant son portable dans son sac à main. Et il m’a envoyé des dizaines de textos. Je ne te parle même pas des appels en absence !

– OK. Bien Dom Juan, il semblerait que ta moitié perd la boule ce soir. Je te la passe.

– Oh mon Chéri, je suis vraiment désolée. Cette soirée n’était pas prévue et j’ai complètement oublié de te prévenir. Mille excuses !

– Tu te rends compte de l’état dans lequel je suis ? J’ai cru qu’il t’était arrivé quelque chose ! Et pourquoi tu ne réponds pas au téléphone ?

– Ben, il était sur silencieux…

– C’est tout sauf une excuse ça ! Bon, tu prévois de rentrer dans combien de temps ? Mais es-tu seulement en état de prendre le volant ? Sinon, je viens te chercher ! Dis-moi où tu es, j’arrive.

– Non, calme toi. Je n’ai pris que deux verres. Je peux conduire. Je pars tout de suite. »

Suzy est dans tous ses états. Elle en tremble. D’un coup, elle se rend compte qu’elle n’agit pas comme d’habitude, et que son mari va vouloir savoir pourquoi.

« – Alors comme ça, tu fais une petite connerie, et Monsieur appelle pour t’enguirlander. Et toi, tu t’empresses de rentrer te faire pardonner ? En m’abandonnant à mon triste sort ?

– Tu ne m’en veux pas, dis ?

– Mais non, le barman me lande des regards de plus en plus insistants. Je vais lui demander à quelle heure il termine son service, et s’il m’offre un verre en attendant.

– Oh, tu es adorable de te sacrifier ainsi ! Je suis vraiment désolée !

– Il ne faut pas. Promets-moi simplement de conduire prudemment et de m’envoyer un message quand tu seras à la maison.

– Promis, lui répond Suzy, en lui claquant une bise sur la joue. »

Sur le chemin du retour, la jeune femme est préoccupée. Il va falloir soit qu’elle trouve une excuse pour expliquer son comportement, soit tout avouer à son mari en lui dévoilant une facette de sa personnalité qu’il ne connaît pas…encore. Malheureusement, le trajet n’est pas suffisamment long, pour qu’elle parvienne à trancher pour l’une ou l’autre version. Lorsqu’elle arrive devant la maison, le garage est déjà ouvert, et Jeff l’y attend, les bras croisés, les sourcils froncés. Suzy a à peine le temps de sortir de la voiture qu’il lui tombe dessus. « Mais qu’est-ce qu’il t’a pris de faire ça ? Ce n’est pas ton genre ! Je ne comprends pas ! Heureusement que Faustine a décroché et qu’elle t’a passé le téléphone, car j’aurais pu pensé que tu étais avec un autre homme ! »

Visiblement, la situation est encore plus critique que ce que Suzy ne pensait. « Écoute, laisse-moi le temps de rentrer, de me doucher et ensuite nous discuterons. » En espérant que ce laps de temps, permettra à son mari de se calmer.

Quelques minutes plus tard, la jeune femme rejoint son amoureux dans le salon. Il a l’air plus calme. Il est en train de siroter un whisky. Quand il la voit arriver, il pose son verre, et lui fait signe de le rejoindre sur le canapé. Suzy se lance. « Tu sais mon Chéri, il ne fallait vraiment pas t’inquiéter. Faustine m’a appelée en catastrophe : encore un histoire de cœur qui a mal tourné ! » Quelquefois, mieux vaut ne pas tout dire à son conjoint. Un petit secret de temps à autre, ce n’est pas la fin du monde, si ?

Le bon choix – chapitre 4

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« – Ça fait bien longtemps que tu n’as plus activé le code rouge ! C’est que ce doit être vraiment grave!

– On peut dire ça. Mais justement avant que cela prenne des proportions trop démesurées, je voulais éteindre le feu avec toi. Enfin, si c’est possible…

– Ma petite Suzy, tu devrais savoir que tout est possible avec Faustine ! Bon je t’avoue tout de même que j’espérais avoir un peu de répit. Je reviens à peine d’une mission sauvetage.

– Tu veux parler de ta cousine ?

– Oui, je suis la reine des histoires d’amour qui finissent bien. Déborah et David filent le parfait amour. Mais je te raconterai tout ça en détails plus tard. Revenons à toi : qu’est-ce qu’il t’arrive ?

– L’apparition inattendue d’une ex dont je n’ai jamais entendu parler.

– Aïe ! Ah ce Jeff, je me doutais bien qu’à un moment ou un autre, il fera un pas de travers.

– Non, mais ne va rien t’imaginer de la sorte ! »

Suzy se met donc à raconter en détails à Faustine les événements des dernières heures.

« – Bon ce n’est pas aussi sérieux que ce que je pensais. Mais tout de même il y a matière à cogiter !

– C’est tout à fait ça. J’ai gardé mon calme comme d’habitude. Ma façade stoïque a rassuré Jeff. Mais je t’avoue que j’avais bien envie de lui foutre mon pied là où je pense.

– C’est exactement ce que j’aurais fait à ta place !

– Je sais bien ! Je suis d’ailleurs surprise que personne n’ait porté plainte contre toi jusqu’à présent.

– Ta ta ta, on s’éloigne du sujet ! Est-ce que tu en as reparlé avec ton mari ?

– Pas comme je le souhaiterais… J’ai peur de dire quelque chose de maladroit et que Jeff se mette à penser que je deviens jalouse, que je manque d’assurance… Bref, je n’ai aucune envie de perdre la face.

– Est-ce qu’un jour tu vas finir par lui dire la vérité sur le véritable toi ?

– Hors de question ! Tu sauras que pour faire un mariage heureux, mieux vaut ne pas toujours tout dire à sa moitié.

– Je sais, je sais ! Je connais ta règle d’or n°1. D’ailleurs je l’applique moi-même dans mes relations amoureuses, mais souvent ça me retombe dessus.

– C’est pour ça que je te précise que c’est dans le cadre du mariage ! Tu ne m’écoutes jamais !

– Oh mais tu vas arrêter de m’engueuler ! Tu voulais que je t’aide, oui ou non.

– Bien sûr ! D’ailleurs tu devrais commencer par commander une deuxième tournée !

– Oui, chef ! »

Aussitôt dit, voilà Faustine en train de foncer jusqu’au bar pour se faire servir deux autres verres. Elle aurait pu se contenter de lever le bras pour attirer la serveuse. Mais il semblerait que le brun ténébreux qui prépare les consommation soit plus à son goût ! Décidément, elle ne changera jamais ! Quelquefois, je l’envie. Cette liberté… À sa place, je ne me retrouverais pas ici en train de me poser toutes ces questions…

« – Oh toi, tu es en train de te dire que ça serait tellement plus simple d’être à ma place !, me lance Faustine, dans un grand sourire, en déposant les verres sur notre table.

– Qu’est-ce qui te faire dire ça ?

– Oh arrête ! Je ne connais par cœur ! Alors oui, le beau barman m’a donné son numéro de portable, et non je ne sais pas encore si je vais l’appeler. C’est vrai que ça fait du bien de se faire draguer. Mais toi tu as le sésame, la consécration suprême dont je rêve : un mariage heureux avec un homme qui t’est entièrement dévoué ! Donc on va mettre toute cette histoire d’ex au clair, pour qu’on puisse avancer. Et que vous continuez à être mon couple modèle !

– Ton couple modèle ? Je croyais que c’était ta cousine et son ex nouveau mari? »