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Virevolter entre rêve et réalité avec Agnès Martin-Lugand

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Dans son roman « A la lumière du petit matin », Agnès Martin-Lugand nous montre comment une entorse de la cheville (une de plus) peut modifier le cours d’une existence.

Agnès Martin-Lugand : la danse comme voyage pour se découvrir

Vous avez envie de danser? Si ce n’est pas le cas, le roman d’Agnès Martin-Lugand pourrait bien vous chatouiller les orteils. Ne vous y trompez pas, la danse est seulement le prétexte, le cadre… pour comprendre comment une vie peut basculer d’un instant à l’autre. Pour Hortense, une séduisante quadra et talentueuse prof de danse à Paris, ce sera une cheville fragile. Le mouvement d’avant, la jeune femme évolue dans la vie qu’elle a choisi (du moins c’est ce qu’elle pense). Elle se consacre à 200 % à sa passion, dont elle peut vivre. Hortense a repris l’école de danse où elle travaille avec ses collègues Sandro et Bertille. L’ancien directeur, Auguste, garde tout de même un oeil sur eux…

Elle file le parfait amour (du moins c’est ce qu’elle pense) avec Aymeric. Pour chacun de leur rendez-vous, elle s’apprête, elle porte les tenues qu’il aime, se comporte comme il le souhaite. Bref, elle se glisse dans un costume dont elle se défait à chaque fois qu’il se quitte. Car Aymeric ne peut jamais rester longtemps près d’elle : il a une famille qui l’attend chez lui.

Et voilà donc que l’instant d’après, les certitudes d’Hortense s’envolent. Ce qu’elle croyait être du bonheur n’est en réalité qu’une façade. Le miroir lui renvoie un reflet authentique, et pas forcément agréable à regarder.

Prendre du recul, prendre du temps pour soi

Hortense est une séduisante jeune femme qui approche la quarantaine. Elle est une fille qui n’a pas fait le deuil de ses parents. Elle est une femme qui fuit, qui ne veut pas regarder la réalité en face. Celle de la maîtresse, qui risque fort de ne jamais devenir mère et de rester celle qu’on utilise comme faire-valoir. Seul son travail la remplit de joie. Mais sa récente blessure remet là encore tout en question.

Peu à peu, la danseuse ouvre les yeux. Elle sent au fond d’elle que ses choix ne sont pas les meilleurs pour son avenir. Alors elle décide de passer sa convalescence dans la maison familiale, situé dans le « village de Bonnieux perché sur un flanc du Lubéron« . Un cocon douillet qui a bercé son enfance. Mais qui reste désespérément vide depuis la mort de ses parents. C’est d’ailleurs avec Aymeric qu’elle panse cette plaie depuis trois ans…

Durant l’été pourtant, la bâtisse s’anime en devenant maison d’hôtes. Et ce sera la mission que va accomplir Hortense cette année-là, grâce à sa convalescence.

Accepter, grandir et avancer

Sa convalescence passera aussi par la dépendance que le père d’Hortense avait transformé en studio de danse. La convalescence d’Hortense ne sera pas seulement physique. La danseuse va devoir affronter la réalité, prendre les bonnes décisions pour dessiner son avenir. Elle pourra soit le laisser tel quel, soit prendre un nouveau chemin. Finalement, cette entorse à la cheville aura bien plus de conséquence qu’on ne l’aurait imaginer au départ.

Alors préparez-vous! Et si besoin, inspirez-vous d’Hortense pour vous aussi choisir un autre chemin qui vous mènera au bonheur. Tout simplement.

My Girl’s Dream.

Pour acheter le livre : en version papier, en version numérique.

Le Bon choix – chapitre 11

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CC berardici Copyright Creative Commons/ Berardici

J’imagine parfaitement ce que Faustine ferait à ma place, à ce moment précis. On est perdu au milieu de nulle part. Personne ne sait qui je suis, et je suis pratiquement sûr qu’à part le pompiste et la vieille dame cachée derrière sa fenêtre personne ne sait que je suis avec Julia. Le goût prononcé de ma meilleure amie pour les thrillers et les romans policiers l’aiderait forcément à mettre sur pied un plan machiavélique. Elle trouverait le parfait scénario pour éliminer cette concurrente. Enfin, c’est ce qu’elle m’expliquera lorsque je lui raconterai toute cette histoire. Mais de mon côté, je me demande plutôt comment garder le contact avec Julia une fois qu’elle m’aura déposer à sa voiture. C’est bien connu : mieux vaut connaître ses ennemis. Cela permet d’estimer leur degré de dangerosité et de voir comment s’en débarrasser, sans bien sûr que ça ne finisse dans un bain de sang. Par contre, il y en a bien un que j’ai envie d’étrangler : c’est Jeff. Cela fait des jours qu’il me mène en bateau, sans compter toutes ces années de mensonges sur son passé amoureux ! Mais ça c’est un problème dont je me préoccuperai plus tard. D’abord, réglons le cas Julia.

 -Nous voilà arrivées à votre voiture. Je vais vous aider à remplir le réservoir.

–  C’est très aimable de votre part.

–  Ça me fait plaisir !

Nous nous garons sur le bas côté. J’ai l’impression que cela fait des jours que je n’ai pas vu ma voiture, avec tout ce que je viens d’apprendre ! Je déverrouille les portières, et ouvre la trappe à essence. Je regarde Julia faire. Elle sait exactement comment s’y prendre. Elle n’a sûrement pas dû avoir beaucoup d’hommes dans sa vie, et a dû apprendre à faire pas mal de choses par elle-même…

– C’est terminé ! Vous voulez bien démarrer la voiture, pour que je sois certaine que c’est bien une panne d’essence ?

– OK.

Je me mets au volant, et je parviens à démarrer le moteur du premier coup. Je vais enfin pouvoir quitter ce bled pourri ! Julia se rapproche de moi, et tend son visage vers moi par la fenêtre.

 – Pour retrouver l’autoroute, faites demi-tour. Roulez tout droit jusqu’à ce que vous arriviez à un rond-point. Ensuite prenez à droite et vous tomberez dessus.

– Merci beaucoup. Vous m’avez sauvé la vie !

– N’exagérons rien !, me répond Julia, avec un sourire gêné.

– Si, je vous assure. J’aimerais vous rendre la pareille. Vous voulez bien me noter votre numéro de portable, pour que je puisse vous inviter à déjeuner lorsque vous serez en ville.

– Vraiment, ce n’est pas la peine. Ça m’a fait plaisir de vous aider !

– J’insiste.

Julia finit par céder. Elle attrape le crayon et le bout de papier que je lui tends, et note son numéro. Mon sésame ! Je ne sais pas encore exactement ce que je vais en faire, mais j’en connais une qui va pouvoir m’aider !

Je me remets en route, et salue Julia qui est restée sur le bord de la route pour être sure que je prenne la bonne direction. La pauvre, elle ne sait pas encore ce qui l’attend ! Bon je dois avouer que je ne sais pas encore ce que je vais lui faire subir. Elle me fait mal au cœur. Plus j’y pense, plus je me dis que si tout cela est arrivé, c’est en grande partie à cause de Jeff. D’ailleurs il a dû essayer désespérément de me joindre. Mais sans téléphone : bonne chance ! Il doit croire que je suis chez Faustine. Je regarde la montre du tableau de bord. Cela fait déjà six heures que j’ai quitté la maison ! Quand j’arriverai chez moi, la nuit sera tombée. Mais je n’ai aucune envie de rentrer. Je vois déjà le visage de Jeff, j’entends ses remontrances. Il va sûrement finir par vouloir me serrer dans ses bras et s’excuser. Non ! Je n’en ai pas la force ! Je vais aller chez Faustine. Et si elle n’est pas chez elle, ben on verra bien ! J’improviserai !

Je trouve facilement l’embranchement de l’autoroute. J’ai fait un sacré détour dis-donc ! Je ne suis qu’à une demie-heure finalement de la civilisation ! Il est aux environs de 17 h, lorsque je me gare au pied de l’immeuble de ma meilleure amie. Faites qu’elle soit là ! Je sonne une fois, deux fois, trois fois… Sans vraiment attendre entre les coups de sonnette. Puis j’entends quelqu’un décrocher et vociférer dans l’interphone : « c’est pas bientôt fini ces conneries ! Vous pouvez pas attendre trente secondes ? ». Je lâche un grand « ouf » de soulagement. Faustine est à la maison.

 – C’est moi, Suzy. Ouvre-moi.

– Ah ben tu tombes bien toi! J’ai alerté la ville entière pour te mettre la main dessus aujourd’hui. Et je te parle même pas de ton mari…

Je la laisse continuer à s’énerver, et je me précipite à l’intérieur dès que Faustine enclenche l’ouverture de la porte. En gravissant les marches, je l’entends encore hurler à travers l’interphone de l’entrée. Lorsque j’arrive à son étage, sa porte est entrouverte et mon amie continue à s’égosiller. « Eh ! C’est bon je suis là. Tu peux arrêter de harceler les passants ! »

Chapitre 14

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En rentrant chez elle ce soir-là, Faustine a le cœur serré. D’un côté, elle est soulagée que la situation prenne un tour si positif. Mais d’un autre, elle sent poindre en elle un sentiment qu’elle n’aime pas. Qu’elle voudrait ne jamais ressentir. Car quand il se glisse en elle, insidieusement, cela signifie qu’elle ne gère pas sa vie aussi bien qu’elle le voudrait. Et qu’elle n’est pas maîtresse d’elle, de son cœur. La jalousie. Le mot est lâché. Faustine n’est jamais jalouse de qui que ce soit. Elle n’envie jamais la situation des uns ou des autres. Car la vie qu’elle s’est construite est parfaite. Oh vraiment ? Alors pourquoi quand tu rentres le soir, personne ne t’attend ? Pourquoi personne ne te chauffe le lit quand tu rentres tard du travail ? Pourquoi c’est toujours seule que tu te rends aux événements familiaux alors que les autres sont toujours accompagnés ? Il faut te rendre à l’évidence, ma fille. Ta vie n’est pas aussi parfaite que tu voudrais le faire croire. Pourtant, Faustine est loin d’être une célibataire endurcie. Elle a beaucoup de succès avec les hommes. Mais ces hommes-là justement, ceux qui se retournent sur son passage, qui espèrent qu’elle leur jettera un bref regard, ne l’intéressent pas. En affaire, comme en amour, Faustine a besoin de défi. C’est pour cela qu’elle s’entiche toujours de compagnons, dont le cœur appartient à une autre. Et oui, Faustine est la maîtresse. Celle qui vole le mari des autres. Enfin jusque-là, aucun de ses amants n’a quitté son épouse pour faire de Faustine la femme officielle. La première fois, comme toutes celles qui sont tombées dans le piège avant elle, elle a cru qu’il abandonnerait cette vie de couple dont il ne tirait plus aucune joie, pour appartenir exclusivement à Faustine. Mais elle apprendra bien vite que l’exclusivité n’est pas un mot que les hommes mariés aiment mettre en application. Lorsque  mari adultère a fini par l’abandonner pour se trouver une autre maîtresse moins exigeante, Faustine a été dévastée. Elle se rappelle encore dans les moindres détails sa conversation avec sa mère. Elle pensait pouvoir se confier à elle, car elle saurait trouver les mots pour la réconforter comme lorsqu’enfant elle calmait ses chagrins en la serrant fort dans ses bras. Comme elle se trompait ! Une femme mariée, qui plus est d’une autre génération, ne pouvait cautionner un tel comportement. « Tu es la honte de la famille ! Je ne te reconnais plus ! Comment as-tu pu faire ça ? Tu as pensé à sa femme ? J’espère qu’ils n’ont pas d’enfants ! Mon Dieu, mais qu’ai-je fait pour que tu te agisses de la sorte ? » Faustine n’avait pas réussi à articuler un seul mot. Alors, en pleurant, elle était partie. Et les deux femmes ne se sont plus parlé pendant quelques semaines. Quand elles se sont retrouvées, aucune n’avait remis le sujet sur le tapis. Comme si elles avaient passé un accord tacite. « Promets-moi de ne jamais recommencer », lui aurait dit sa mère. Et Faustine aurait accepté cette seule condition, pour qu’elle puisse retrouver sa place de fille auprès de sa mère.

Plus jamais depuis ce jour Faustine n’a évoqué ses histoires de cœur avec sa mère. Et pour cause : sans le vouloir, les autres hommes de sa vie qu’elle a rencontrés depuis, étaient tous mariés. Faustine a fini par se demander s’il n’y avait pas quelque chose qui clochait chez elle. D’autant que sa dernière histoire d’amour en date a duré quatre ans. Sa relation amoureuse la plus longue … Pourtant au départ, tout semblait plutôt normal. Lorsqu’elle rencontre Roby, le coup de foudre est immédiat. C’était lors d’un déplacement professionnel à Londres. Au cours d’une réunion de travail, alors que Faustine est plongée dans l’étude d’un dossier, Roby s’approche d’elle et se présente dans un français parfait, avec un léger accent britannique. De quoi faire fondre ! La quarantaine, il est plus grand qu’elle, mais juste ce qu’il faut. Son costume, parfaitement taillé, laisse imaginer un corps musclé mais pas trop. Il a les cheveux noirs, coupés courts. Ses yeux bruns transpirent la gentillesse et le sex-appeal. Bref, impossible de résister. Il l’invite à prendre un verre après leur journée de travail. Et avant de tomber dans ses bras, Faustine s’assure qu’il est célibataire. « Je suis divorcé », lui assure Roby. Sans doute pensait-il qu’il ne passerait qu’une nuit ensemble, et que leur romance s’arrêterait là. Loin de s’imaginer qu’il lui mentait, Faustine a cédé à la tentation, se disant que cette fois elle aurait aussi droit à afficher son bonheur au grand jour. Car en quelques heures seulement, elle tombe follement amoureuse. Et Roby aussi. C’est là bien sûr que l’affaire se complique. Car l’un comme l’autre, ils meurent d’envie de se revoir. Il finira par lui avouer la vérité. Et elle lui pardonnera. Je vous laisse imaginer la suite.

Alors oui, Faustine sait ce qu’est la jalousie. Oh elle n’a jamais envié la situation de l’autre femme. Non, le seul amour qu’elle a toujours voulu ressentir, partager est celui de sa cousine et David. Alors quand ces deux-là ont fini par se séparer, elle s’est dit que ce n’était pas possible. Ils sont évidemment faits l’un pour l’autre. Donc ce n’est pas le moment de baisser les bras. Elle va sauver leur couple. En espérant que son intervention puisse laver toutes les relations adultérines qu’elle a eues. Pour repartir de zéro. Redevenir pure. Et pouvoir accéder elle-aussi au même bonheur…et le crier haut et fort. Enfin.